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Réflexions sur les pratiques pour et avec les familles

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Près de 10 ans de réflexions sur les pratiques pour et avec les familles

La Fédération québécoise des organismes communautaires Famille (FQOCF) a initié il y a près de 10 ans une démarche de réflexion collective avec ses membres sur les valeurs, principes et pratiques communes. Cette démarche a culminé en 2008 avec l’adoption du Cadre de référence sur les pratiques d’action communautaire autonome Famille (ACAF). Développé dans une perspective d’éducation populaire, il vise à outiller les organismes communautaires Famille (OCF) dans leurs pratiques quotidiennes auprès des familles.

En 2011, la FQOCF lançait le projet AGORA, une démarche d’appropriation réflexive et de transfert de connaissances portant sur les pratiques d’ACAF énoncées dans le Cadre de référence. Au cœur du projet, les moments de réflexions collectives entre les membres prennent la forme de communautés de pratiques et de savoirs, d’échanges lors de visites d’organismes, d’ateliers dans le cadre des Rencontres nationales, des assemblées générales de la FQOCF, etc. Cette démarche témoigne d’une volonté collective de développer des savoirs communs en tant que mouvement, mais également de valoriser, soutenir, enrichir et documenter les pratiques d’ACAF portées par les organismes communautaires Famille.

Les réflexions en cours issues du projet AGORA de la FQOCF s’inscrivent donc pleinement dans la thématique « Apprendre ensemble » mise en avant-plan par l’initiative Innover pour continuer. Dans le texte suivant, les valeurs partagées par les OCF, pierre d’assise des pratiques d’ACAF, ainsi que les notions d’enrichissement de l’expérience parentale et d’empowerment, telles que formulées par les membres de la FQOCF, sont présentées afin d’illustrer les fondements au cœur de leur démarche.

Les valeurs véhiculées par le Cadre de référence sur les pratiques d’ACAF

En tant que membres du mouvement d’action communautaire autonome, les OCF adhèrent aux valeurs suivantes :

  • L’ouverture, l’écoute, le respect, l’accueil et reconnaissance des forces des familles;
  • La liberté, l’intégrité et la cohésion entre OCF;
  •  L’enracinement dans la communauté;
  • Les familles au cœur de l’action;
  • L’autonomie comme toile de fond;
  • La souplesse et l’innovation;
  •  L’approche globale;
  • Des activités centrées sur des valeurs d’autonomie et d’appropriation individuelle et collective du pouvoir d’agir;
  • Une conception égalitaire des rapports sociaux;
  • Un fonctionnement démocratique;
  • Un rapport volontaire à l’organisme;
  • La solidarité et la justice sociale.

Les notions au cœur des pratiques des OCF

Afin de contrecarrer l‘usage de la notion de « compétences parentales », qui est encore largement utilisée en intervention sociale auprès des familles, les OCF ont opté pour l’appellation « enrichissement de l’expérience parentale » pour définir leurs pratiques.

Cette notion est davantage compatible avec leur philosophie, qui reconnait l’expérience existante et à venir des parents. Le terme « expérience » est plus représentatif de l’ensemble des éléments faisant partie de la réalité d’être parent.

Ce n’est pas tant le concept lui-même de compétence appliqué à la réalité parentale qui pose problème. C’est plutôt la manière dont il est utilisé pour juger, d’un point de vue extérieur ou sur un plan institutionnel, de la conformité à certaines normes de pratiques parentales sans que les parents aient la possibilité de questionner, de critiquer, voire de contester celles-ci.

 Qu’est-ce que l’enrichissement de l’expérience parentale?

Tout parent vit une expérience particulière liée à l’exercice de son rôle parental. Cette riche expérience implique de nombreux éléments tels que :

  •  l’évolution de la relation avec son enfant;
  • la relation qu’il a avec les autres parents et adultes qui s’occupent de son enfant;
  • les conditions (sociales, économiques, psychologiques, culturelles, etc.) dans lesquelles le parent baigne quotidiennement;
  •  les comportements de l’enfant;
  • le réseau social du parent.

 Ces éléments peuvent aussi bien être des atouts que des obstacles aux yeux du parent. Pour une personne oeuvrant en OCF, accompagner des parents signifie alors de partir à la découverte de leur expérience avec tous les éléments que cela comporte et de favoriser l’expression de cette expérience entre eux. C’est ainsi leur reconnaître une posture d’auteur face à leur propre vie (Lacharité, 2010).

Qu’est-ce que l’empowerment?

L’empowerment est un processus enraciné dans l’action permettant aux personnes d’acquérir un meilleur pouvoir d’agir sur eux-mêmes et sur leur environnement. Il vise la reconnaissance et la promotion des forces individuelles et collectives qui entrent en jeu dans les situations, plutôt que de se concentrer sur les problèmes. Les membres de la famille se sentent alors plus en contrôle face aux diverses circonstances de leur vie (Lacharité et Gagnier, 2009).

Dans le cadre de ses pratiques auprès des familles, la personne oeuvrant en OCF devient alors un agent multiplicateur. C’est-à-dire qu’elle facilite l’accès aux ressources du milieu et permet de réunir des personnes aux prises avec une réalité commune. Elle favorise également les échanges et réflexions critiques. Elle donne aussi le temps nécessaire pour permettre l’enracinement du changement (Le Bossé, 2003).

Il ne fait nul doute que le concept d’empowerment et la démarche d’enrichissement de l’expérience parentale sont étroitement liés. De façon complémentaire, ils misent sur la richesse de l’expérience des parents, de leur capacité à prendre ou reprendre leur pouvoir d’agir pour devenir des agents de transformation sur les plans individuel et social (famille, communauté, etc.).

Les principes qui guident les actions des OCF

Travailler pour et avec les familles est le leitmotiv des organismes communautaires Famille. Si les valeurs d’ACAF sont les phares qui guident leurs pratiques, le « comment faire » représente le chemin pour accompagner le parent tout au long de son processus d’empowerment. Comment cela se traduit-il au quotidien? Comment invite-t-on un parent à participer à la vie dans un OCF, à se raconter? Comment accueillir, soutenir et accompagner les familles? Ces questions sont au cœur des échanges qui ont lieu dans le cadre du projet AGORA et de la vie associative de la Fédération.

Ces réflexions collectives ont notamment permis de regrouper les pratiques d’enrichissement de l’expérience parentale et d’empowerment des familles selon trois grands principes :

  • Reconnaître les parents comme premiers et principaux éducateurs de leurs enfants;
  • Créer des espaces de parole et de soutien à la prise de parole pour et avec les familles;
  • Soutenir et accompagner la participation et l’implication des familles à l’intérieur d’un organisme.

Les échanges sur ces trois principes se poursuivent présentement et chaque membre de la Fédération est invitée à partager ses pratiques, critiquer et commenter les énoncés proposés à la lumière de ses propres réalités. Tout cela en poursuivant l’objectif d’apprendre ensemble et de documenter ce qui fait la force de nos actions communautaires autonomes auprès des familles. Nourries de ces réflexions et contributions collectives, plusieurs productions écrites sur les valeurs, principes et pratiques des OCF seront finalisées au courant de l’année 2015 (incluant des textes sur les deux autres grands fondements en ACAF : l’approche milieux de vie et l’éducation populaire).

Bibliographie

FQOCF (2008). Cadre de référence sur les pratiques d’action communautaire autonome Famille, Saint- Lambert, 23 p. <http://www.fqocf.org/publication/cadre-de-reference-sur-les-pratiques-daction- communautaire-autonome-famille-2008/>

Lacharité, C. et J-P. Gagnier (2009). Comprendre les familles pour mieux intervenir.Repères conceptuels et stratégies d’action. Éd. Gaëtan Morin, 384 p.

Lacharité, C. (2010). L’expérience parentale. Inédit.

Le Bossé, Y. (2003). « De l’ « habilitation » au « pouvoir d’agir » : vers une appréhension plus circonscrite de la notion d’empowerment », Nouvelles pratiques sociales, vol 16, no 2, p. 30-51.

La gestion participative

À Mères et Monde (M&M) et au Centre Jacques-Cartier (CJC), la gestion participative est une approche démocratique qui offre aux membres, résidentEs ou non, aux participantEs, aux travailleurs, travailleuses et aux personnes-ressources, des lieux pour débattre et pour participer aux décisions collectives.

Depuis plusieurs années, ces deux organisations ont l’intuition que la gestion participative apporte beaucoup aux jeunes ainsi qu’aux milieux qui la pratiquent. Pour eux, ce n’était pas qu’une façon de faire, mais aussi une philosophie qui a des impacts importants sur le développement et le pouvoir d’agir des personnes et des organismes qui la pratiquent.

En 2011-2012, le CJC et M&M ont choisi d’investir des ressources pour valider cette intuition et documenter ce qu’apporte la gestion participative aux personnes qui la vivent et aux organismes qui la pratiquent.

icone_fiche_orangeFiche La gestion participative (PDF)

Démocratie et pouvoir

Le Carrefour de participation, ressourcement et formation (CPRF) partage une synthèse (constats et pistes d’action) des conclusions d’une enquête qu’il a menée en 2010 auprès d’organismes de l’action communautaire autonome (ACA) partout au Québec. Cette enquête a mis en lumière certains constats qui sont directement liés à l’enjeu du pouvoir et de la démocratie dans les organismes.

Sommes nous dans un rapport égalitaire?

Quels sont les effets pervers de professionnalisation du milieu communautaire?

icone_fiche_orangeFiche pouvoir et démocratie  (PDF)

Groupe de codéveloppement professionnel

Transfert et partage des savoirs en milieu communautaire, phase 2 (2013-2014)

« Mettre en action les apprentissages, c’est le meilleur moyen de connaître et de comprendre. Cette stratégie correspond bien aux principes d’empowerment et de reconnaissance des savoirs essentiels en milieu communautaire. La stratégie est formelle, mais les groupes communautaires apportent de la créativité et de nouveaux moyens de l’utiliser. Chaque individu a été renforcé et reconnu dans le groupe. Formule enrichissante qui a permis l’implication et l’ouverture de chacune face à sa vulnérabilité.»

icone_fiche_orangeExpérimentation du groupe de codéveloppement professionnel par deux regroupements du milieu communautaire (PDF) 

 

 

 

 

Gestion et gouvernance

Le concept de gestion réfère à l’action et la manière de gérer, d’administrer et d’organiser quelque chose. Quatre grandes fonctions de gestion permettent l’atteinte des objectifs de l’organisation et la réalisation de sa raison d’être. Ces quatre fonctions sont la planification, l’organisation, la direction/contrôle et l’évaluation et concerne les ressources humaines, financières et matérielles et l’organisation des services et activités.

La gouvernance, au sens large, réfère à la répartition des pouvoirs entre les différents acteurs d’une organisation ou d’une entreprise. L’organisme se dote d’un ensemble des procédures et structures de façon à assurer transparence et équilibre des pouvoirs entre la gestion, les membres et les administrateurs du conseil d’administration.

La gestion et la saine gouvernance se traduisent dans un modèle de gestion…
icone_fiche_orange Fiche gestion et gouvernance (PDF)

Apprendre ensemble en faisant

Transfert et partage des savoirs en milieu communautaire, Pérennité et renouvellement : une recherche exploratoire du Centre St-Pierre

Dans un contexte changeant, la question du transfert et du partage des savoirs se pose avec une nouvelle acuité dans le milieu communautaire. La question de la relève est fortement imbriquée dans la perspective de la pérennité des savoirs identitaires du communautaire et elle est aussi jumelée au renouvellement des pratiques dans le milieu. Un défi particulier : comment offrir des stratégies de formation adaptées qui répondent aux préoccupations identitaires du milieu communautaire.

icone_fiche_orangeFiche « Transfert et partage des savoirs : apprendre ensemble en faisant » (PDF)

L’action communautaire : quelle autonomie pour ses destinataires

L’autonomie est depuis longtemps une revendication du mouvement communautaire au Québec. Les organismes la réclament autant pour leur propre gestion organisationnelle que pour les destinataires[1] de leurs interventions. Ils ont d’ailleurs obtenu une reconnaissance institutionnelle de leur autonomie avec l’adoption, en 2001, de la Politique gouvernementale en matière d’action communautaire. Mais qu’en est-il de l’autonomie de leurs destinataires?

Le simple fait d’être reconnu par les instances gouvernementales comme un organisme d’action communautaire autonome (ACA) n’est pas garant de pratiques favorisant l’autonomie des destinataires. Quelles seraient les conditions favorables au développement de cette autonomie? Comment concevoir l’autonomie des destinataires dans un contexte où de plus en plus d’acteurs privés et publics (fondations, ministères, etc.) tentent de redéfinir les pratiques d’action communautaire en fonction de leur propre logique?

Car plusieurs acteurs tentent d’utiliser les organismes communautaires pour rejoindre les « clientèles » ou les « personnes vulnérables » ciblées par leurs propres plans d’action, sans pour autant permettre à ces personnes de définir leurs propres besoins, un aspect fondamental et souvent réitéré au sein des organismes communautaires. Ces acteurs gouvernementaux ou philanthropiques ont des idées assez claires des changements d’habitudes de vie qu’ils souhaitent voir adopter par certaines populations, ainsi que du rôle qu’elles devraient jouer dans la société (Depelteau, 2013; Ducharme, 2012; Perron, 2005). Mais cette vision est-elle vraiment partagée et décidée de façon démocratique?

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Par, pour et avec : les défis de la permanence

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La grande majorité des organismes d’action communautaire autonome ont une approche «par, pour et avec», que l’on pense aux groupes de femmes, de jeunes, de personnes âgées, de personnes ayant des limitations fonctionnelles, etc. Plusieurs organisations pourraient nous partager leur expérience particulière et enrichir nos réflexions. Ce texte concerne plus particulièrement le mouvement alternatif en santé mentale, qui a fait de ce principe la pierre angulaire de son développement, et ce, depuis plus de 30 ans.

Dans le milieu alternatif et de défense des droits en santé mentale, le «par, pour et avec» fait partie intégrante du fonctionnement des organismes. En effet, en occupant, en partie, majoritairement ou complètement les espaces démocratiques que sont les conseils d’administration de ces organismes et en étant impliquée dans l’organisation quotidienne, les personnes vivant ou ayant vécu un problème de santé mentale se retrouvent au cœur de leur fonctionnement. Nous aborderons dans ce texte 2 thèmes : la mobilisation et l’exercice du pouvoir, en s’attardant sur les avantages et les défis qui découlent du «par, pour et avec»…

icone_fiche_orangeCliquez-ici pour lire la suite de la fiche de l’AGIDD-SMQ sur la « Notion du par, pour et avec : les défis de la permanence ».