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Travailler dans le communautaire, c’est identitaire !

Il suffit de lire les premières phrases de mon profil professionnel pour comprendre que travailler dans le communautaire, c’est vraiment identitaire : « Karine Joly est d’abord et avant tout une intervenante sociale, une fille de terrain! Elle a le mouvement communautaire tatoué sur le cœur! »

Il y a 10 ans, au terme de ma formation, j’aurai pu choisir d’orienter ma vie professionnelle vers le Réseau, mais non, j’ai choisi le communautaire parce que je m’y sentais chez moi. Allez savoir si je l’ai choisi ou s’il s’est imposé à moi parce qu’il donnait un sens à ma vie. Je devais avoir 10 ou 12 ans quand ma grand-mère a fait de moi une bénévole à la Guignolée. J’ai compris au contact des personnes plus démunies que nous pouvions ensemble faire une différence. Et j’ai eu envie de mettre la main à la pâte.

Et vous, quel évènement de votre histoire donne du sens à votre engagement au sein du mouvement communautaire ?

Karine Joly
Formatrice, Centre-StPierre

L’engagement envers le milieu communautaire est-il gage de santé psychologique ?

De plus en plus d’auteurs s’entendent pour dire que le sens au travail a un effet bénéfique sur la santé psychologique.   Si pour plusieurs travailleurs du milieu communautaire, « l’engagement » au sein du mouvement est un choix consenti, est-ce que ça veut dire que le milieu communautaire est gage d’une meilleure santé psychologique pour ses travailleurs ?

À cette question, je répondrai non pas nécessairement. Je suis forcée d’admettre que tous les éléments ne sont pas toujours en place dans les organisations.  Morin mentionne que le sens au travail est représenté par les ingrédients suivants : « l’utilité du travail, la rectitude morale, l’apprentissage et le développement, l’autonomie, la qualité des relations et la reconnaissance »[1].

Qu’on se le dise, le travail en milieu communautaire est confrontant en soi et teintent plusieurs de ces ingrédients. Pensons aux difficiles choix éthiques, à la complexité des situations cliniques, à l’épuisement de compassion, aux opinions des équipes multidisciplinaires à rallier, aux positions antagonistes sur les approches d’intervention, aux éternels débats entre « les bonnes et les mauvaises féministes entre les vrais et les faux défenseurs de droits », au partage des rôles et responsabilités entre différentes instances qui suscite la confusion, au taux de roulement élevé et aux mêmes débats qui reviennent sans cesse sur la table, etc. Voici quelques-unes des mines présentent sur notre grand terrain de jeux.

À quoi devons-nous, nous accrocher pour conserver le sens de notre engagement ? Là-dessus, je suis comme un vieux disque qui saute, je clame haut et fort l’importance de connaître notre l’histoire, celle de nos organisations, leur mission, leurs valeurs, leurs façons de faire, et leurs principes éthiques et démocratiques. Nous avons ici des bases solides de cohésion et de réconciliation entre le moi et le professionnel communautaire. Je ne crois pas que nous apprenions « le communautaire » au cégep ou à l’université. Je crois qu’il nous est transmis. Je crois aussi qu’on le fait sien en acceptant de revisiter ses propres conceptions.

Au sein de vos organisations, quelles sont vos sources de cohésion ? Qu’est-ce qui vous permet de garder le sens de votre engagement ?

Karine Joly
Formatrice, Centre St-Pierre

[1] Morin, Estelle, Qu’est-ce qui donne du sens au travail?, Objectif prévention, vol.31 No 2, 2008