Je vous raconte une petite histoire tirée de la tournée sur la relève des travailleurs, travailleuses et bénévoles dans le milieu communautaire. Rapportons-nous en 2010…Le Centre St-Pierre fait une vaste consultation depuis plusieurs années sur cette question de relève et j’entreprends la dernière étape qui donnera lieu, plus tard, à la boîte à outils sur la relève. Ça fait plusieurs semaines que je suis en tournée à travers le Québec avec le directeur de la Table nationale des Corporations de développement communautaire (TNCDC). Nous sommes à notre 6e rencontre. Fait surprenant, qui n’était pas arrivé auparavant, la salle se compose de personnes ayant plus de 50 ans et moins de 30 ans. Il n’y a personne dans la salle entre ces deux générations.
Une personne portant fièrement les cheveux gris se lève et s’exprime sur sa perception de la relève et dit : « Ces jeunes là…toute une gang de flan mou qui ne veulent pas travailler. Peut importe ce qui arrive, à 5h le travaille est fini, ils ferment tout et partent. Voyons donc, c’est pas ça la vie…Quand il y a quelque chose à faire, il faut le finir avant de partir. Pis le travail, c’est pas ça qui manque. C’est quoi ça partir aussi vite qu’une flèche à la fin de la journée pendant que moi je reste avec tous les problèmes? » Après cette intervention, une jeune femme se lève et dit : « Moi j’ai vu mon père travailler 72 heures par semaine. Et dire que je l’ai vu est un bien grand mot, puisqu’il n’était jamais à la maison. Il m’a manqué et il n’était pas là quand j’avais besoin de lui. Aujourd’hui, je ne veux pas faire ça à mes enfants. Je veux être là pour eux. Si je termine à 17h c’est pour cette raison et ce n’est pas parce que je ne veux pas travailler. Et si je quitte aussi vite, c’est parce que j’ai des pénalités de retard à la garderie si je ne suis pas là à temps. »
Cette histoire met-elle en lumière un choc générationnel? Est-ce une confrontation de valeur et de perception sur ce que doit être le travail dans nos vies? N’est-ce pas là l’illustration de la recherche du bien-être au travail? Qui a tord, qui a raison?
Steeve Dupuis,
Formateur et animateur, Centre St-Pierre